MY LONG ROUTE
France Népal
France – Italie - Grèce - Turquie - Iran - Pakistan - Inde... Casse moteur ... Népal
Feel the world
France Népal ... Enfin, c'est ce qui était prévu! ... Et dans la vie, tout ne se passe pas comme prévu!
VOYAGE FABULEUX!
My lOng rOute…
1 mois, 3 semaines et 1 jour……
Je trouve enfin un peu de temps et de courage pour écrire une page sur mon dernier voyage…
Aventure rocambolesque « France-Népal » ! :)
Certains jours ont été tellement intenses! … Les jours, les rencontres, et les ras l’bol aussi!
Et c’est drôle, malgré toutes les galères, et pas des moindres, c’était un merveilleux voyage.
Le genre de voyage qui te rapproche de la vie.
Celui qui te montre un autre chemin. Pas celui que tu as mis des mois à préparer, un chemin que tu improvises parce que tu n’as pas d’autre choix!…
L’imprévu qui transforme ton voyage en aventure!
…………………
Je suis donc partie de St Martin des Bois, dans le Lot, un jour pluvieux et orageux de juillet pour aller à Katmandou, avec beaucoup d’étapes à découvrir.
Jusqu’à Katmandou, et avec mes petits détours prévus, je vais parcourir entre 15 et 16000 kms, avec ma GSA, et pour parcourir toute cette route, j’ai 8 semaines!
La première journée est un peu « inexplicable », comme à chaque fois! C’est enfin le départ tant attendu, et j’ai le cœur qui se serre… Je laisse ici tous ceux que j’aime, et mes repères aussi… et puis je serai seule pendant de longues semaines… bref, les émotions qu’on ressent quand on part seule pour une longue route…
Ma p’tite smala et amis étaient là pour mon départ.
9:00. C’est l’heure de partir.
GPS: Ok
Valises: Ok
Passeport: Ok
CPD: Ok…
Bref, j’avais déjà vérifié 10 fois la veille que tout était Ok! :)
Allez! Derniers câlins et je trace!
Et toutes les questions défilent avec les premiers kilomètres!
Dans le Cantal, un orage et des averses non-stop me suivent sur au moins 200 kms! Je suis totalement trempée et je me dis que c’est vraiment une journée de merde pour partir voyager! Mais bizarrement, je suis heureuse quand même! :)
Tunnel de Frejus (il y fait toujours chaud, ça permet de sécher!), Italie, le soleil, Ancône et une nuit de ferry… Et puis la route en Grèce et enfin, la première frontière: la Turquie.
Cette fois, je vais éviter l’infernale traversée d’Istanbul! :)
Je passerai par le détroit des Dardanelles! 1/2h de traversée, à peine le temps de profiter du soleil et du vent, des embruns et d’un thé, il faut remonter sur la moto, débarquer et continuer la route!
Direction la Cappadoce!
Les routes sont longues en Turquie et les paysages tellement vastes. C’est à chaque voyage la même chose. Je sais que les premiers jours ne servent qu’à me rapprocher des pays que je veux découvrir et je n’ai pas d’autre choix que de prendre ces grandes routes à un rythme rapide.
Ürgup. J’allège un peu la moto en laissant mon gros sac à l’hôtel , et je file à travers les petites routes du parc national de Cappadoce! Enfin un peu de plaisir et de découverte!
Je suis surprise de ne pas croiser beaucoup de monde dans cette région habituellement si touristique!
Sans doute à cause des évènements géopolitique assez extrêmes en ce moment....
Je quitte la Cappadoce, quelques jours me séparent encore de la frontière iranienne, mais avant, je vais m’égarer dans les montagnes qui abritent le magnifique Palais d’Ishak-Pasha.
Il fait chaud et le ciel est orageux. Les montagnes, brutes et ocres abritent ce palais ottoman datant du XVIIème siècle.
La pierre est sculptée avec finesse selon l’Art Persan et Syro-Egyptien. Dans ce palais, une mosquée et un ancien caravansérail sur la route de la soie, non loin du Mont Ararat… Superbe.
Demain, je serai en Iran
Alors surtout, si vous passez en Iran depuis la Turquie, évitez Bazargan!!
Je n’ai jamais vécu un passage frontière aussi insupportable, tendu et agité!… Déjà, 3h d’attente dans une salle bondée et suffocante côté turc, ça n’aide pas à se détendre! …
Panne de serveur informatique! Les gens sont énervés, ils se grimpent dessus, s’engeulent, font passer leurs valises vers la grille fermée histoire d’être prem’s à passer!! Gonflant…
Je passe enfin la douane turque pour arriver quelques mètres plus loin côté iranien, jusqu’au large portail…fermé.
Il fait chaud, très chaud sous le soleil brûlant de Bazargan.
2 militaires ouvrent enfin ce portail et l’un d’eux me demande de me stationner près de l’entrée des bureaux. Et là, le scénario bien rodé commence. Bienvenue au « pays du bakchich »!
Un jeune homme me demande « gentiment » si j’ai le CPD et mon passeport. Je lui montre sans les lui donner! Après tout, il n’est pas militaire et je ne sais pas qui il est vraiment!
Nous rentrons dans le hall des douanes où l’ambiance est électrique! Les gens semblent excédés d’avoir attendu si longtemps et n’ont plus la patience d’attendre encore… Quelle tension!!!
Un officier iranien est entrain de hurler sur un turc (qui hurle aussi ceci dit!). On dirait qu’il ne veut pas le laisser entrer en Iran. Le ton monte entre eux, et PAF!! Tiens! une bonne baffe, ça t’apprendra! …??!!!…???!!!…???!!!
Ok…
Bref, le gars qui « m’accompagne » me demande de le suivre pour faire signer le Carnet de passage en douane de la moto. Il m’emmène d’un bureau à l’autre, pour une signature, pour un tampon, pour une photocopie, et voyant que je ne veux toujours pas lui laisser mes papiers, il m’emmène dans le bureau d’un douanier qui prend mon passeport et le CPD, me pose quelques questions, se fout totalement des réponses, « vérifie mes papiers », puis les tend au « Gentil Organisateur » ! Et voilà comment il est impossible d’échapper à cette arnaque si bien rodée et assez efficace!
J’ai toutes mes signatures et tampons, mais comme IL a mes papiers, JE vais devoir payer un bakchich!!!…
Bon, ben un bakchich, ça se négocie, caché derrière un baraquement, parce que quand même, ils n’ont pas tout à fait le droit hein!…
Je m’en sors pour 30€ (contre 100 demandés!)…
Pas terminé, juste avant la sortie de la frontière, avant la toute dernière barrière, le bureau des assurances! …
Et là, rebelote! On ne sait jamais, si t’es vraiment con!… Un gars s’approche de moi et me demande mes papiers!… (Du déjà vu?….) Euhhh, alors là non!
Je lui ai dit fermement que je ne leur donnerai ni mes papiers, ni de fric, que j’ai déjà une assurance, tous mes papiers signés et tamponnés, aucune raison de rester ici plus longtemps, merci au revoir! Casque. Gants. Et gaz!
Allez hop!… Enfin libre!!!
Oups, j’avais oublié la conduite iranienne! :) Rester vigilante et direction Kandovan!
Kandovan est un village troglodyte semblable à ceux de Cappadoce. Un peu difficile d’accès avec la GSA!
Les ruelles grimpent fort, les pavés ne sont pas toujours en bon état, et la GS est vraiment lourde! Elle passera la nuit dehors, mais je n’ai pas vraiment de crainte.
En me baladant dans le village pour aller manger un chicken rice, une famille de Téhéran m’invite à manger avec eux et c’était vraiment une soirée amusante! Welcome to Iran!
J’ai dormi dans une des petites maisons taillée dans la roche! Un peu humide et ça caille vraiment la nuit!
J’ai envie de rejoindre Ispahan où je retrouverai des amis rencontrés lors de mon dernier voyage. Et puis j’y ferai une petite pause! Mais avant, un passage par ce magnifique lac salé d’Urmia. Les couleurs se mélangent à la brume et l’horizon disparait…
C’est un plaisir de revenir en Iran. Quelques étapes encore avant d’arriver au Bazar d’Ispahan, profiter et voir mes amis, puis repartir pour Yazd, Kerman et Bam.
Des rencontres et des photos, des sourires et des mains tendues, les bazars et les hamams, la route à travers le désert et les montagnes, l’air brûlant souvent, les petites afghanes rencontrées au hasard d’une ruelle de Yazd… Les caravansérails, les ruines et la citadelle!
A Kerman, une rencontre, une invitation et je me retrouve à partager la soirée et la nuit avec une famille super sympa! Je repartirai le lendemain, malgré les demandes répétées de la famille pour que je reste encore! Ils ne m’ont laissé repartir qu’avec des fruits, des pistaches, des chewing-gums, des bonbons… L’accueil iranien! :)
…
Des nouvelles de la moto!? … Tout va bien! Je surveille régulièrement le niveau d’huile, j’ajoute un peu d’additif dans le réservoir à cause de la faible qualité de l’essence, pression des pneus ok… Elle est chargée et lourde, mais elle avance partout où je la mène! C’est vraiment un plaisir de voyager avec ma GSA! Elle a été préparée avec soin cette fois par Benoît (BMS Perigueux) et je suis super rassurée! :)
Quant à « Garmin », mon GPS tout neuf, il est totalement inutile en Iran (sauf si vous avez préparé minutieusement vos itinéraires et que vous les respectez… Ce qui est rarement mon cas!…
Il ne trouve absolument aucune ville! Je vous laisse deviner pour les villages… #E?Äæÿ?SëN! ??
Si vous n’avez pas préparé vos itinéraires à l’avance, vous pouvez sortir votre carte routière et demander l’aide des gens!
Bam… Quelle magnifique cité… quel bel endroit!
Arrivée en fin d’après midi à la guesthouse, Monsieur Akbar m’accueille gentiment. Après avoir partagé le traditionnel thé iranien, il me propose de m’emmener en voiture jusqu’à la citadelle, ce que j’accepte! Ancien professeur, il dirige une école d’anglais où les élèves viennent suivre des cours pendant leurs vacances. Il m’emmènera dans une de ses classes pour rencontrer quelques élèves et la prof d’anglais! Un beau moment de partage :)
…
La citadelle
Dans cette vieille ville fortifiée, il n’y a personne en cette période de l’année ou de la journée. Trop chaud, et le tourisme y est déconseillé parait-il.
Nous sommes aux portes du Baluchistan, région un peu tendue politiquement, frontalière de l’Afghanistan et du Pakistan.
Mais pour l’instant, je suis seule dans cette immense cité d’adobe, le soleil couchant donne aux murs d’argile une couleur dorée et dessine des dentelles d’ombre et de lumière sur cette citadelle majestueuse.
Construite au Vème siècle avant JC, cette cité accueillait aussi les caravanes sur la Route de la Soie.
Que de beaux ouvrages sur cette ancienne route; aujourd’hui presque tous en ruine…
J’ai adoré me trouver dans cette citadelle. L’atmosphère y était tellement sereine.
Rentrée à la guest-house, tout est calme, je m’assoie sur l’un des larges bancs de bois recouverts de tapis persan qui sont installés dans la cour.
La nuit est tombée, et la chaleur a laissée place à un air plus doux. Des ampoules et des bougies suspendues aux appentis éclairent chaleureusement l’endroit. Je bois un thé, je savoure ce repos et ce calme en regardant les photos de cette merveilleuse citadelle…
WhoOO!! Un cafard énOrme tombe d’un palmier juste devant moi!… Bon allez, je vais aller me coucher! :)
Et demain, le Pakistan… Ne pas y penser…
Après une bonne nuit de sommeil, je prépare mes affaires et papiers pour le passage frontière.
J’ai 4h30 de route jusqu’à la frontière pakistanaise.
Il n’est toujours pas conseillé de se balader dans la région, j’ai donc prévu de tracer sans prendre le temps de m’arrêter dans les petites villes que je traverserai. D’ailleurs, la route principale contourne les petites villes.
Je ferai le plein à Mirjaveh, à quelques kilomètres de la frontière, parce que côté Pakistanais, je ne sais pas si je trouverai facilement de l’essence…
J’ai détesté le passage du checkpoint militaire à Mirjaveh. On est à 16 km de la frontière pakistanaise, et les militaires surveillent les allées et venues des voitures et camions qui passent…
Le "grand chef", commandant ou je ne sais quoi, m’a fait un p**** de cinéma macho-enqueteurdetecteurdetrafiquant!?!… Il avait la tête d’un Deniro mal rasé jouant les mafieux, et il me regardait par dessus ses Ray-Ban!!…
– So… Where are you going?
– Going to Taftan border right now… I’m going to Nepal. I must cross Pakistan and India before!
– Do you have drugs?
– Of course not!
– Do you have weapon?
– No. I don’t.
– Why are you here?
– As I told you, I am a traveller, and I want to ride to Nepal, Iran and Pakistan are on the road, so that’s why I am here!
– Are you alone?
– As you can see, I am!…
– Hahahaha (rire gras)…. A french woman, riding alone in Iran and trying to get to Pakistan… Hahaha…(re rire gras)
– ???!!!…
Ah super, je ne pensais pas que ce serait aussi drôle!!!
Bon bref, passeport, papiers de la moto, ouvre ton sac, qu’est ce qu’il y a dans ta sacoche, et dans celle là, ouvre ta valise, fait voir ce qu'il a dans ce sac… Le tout sous le regard un peu curieux de 2 jeunes militaires.
Ils m’ont demandé si je voulais être escortée jusqu’à la frontière. « Euhh… Non, ça va aller merci! » (Vraiment, Deniro me faisait peur!!)
Après cette petite pause, j’ai repris la route vers le Pakistan, et je commençais à me demander ce qui m’attendait de l’autre côté!…
L’inconnu, c’était maintenant!
Un inconnu pas tout à fait serein j’avoue…
Le Pakistan n’a pas très bonne réputation. Ni envers les femmes, ni concernant le terrorisme… Et c’est toujours pareil. A force qu’on te rappelle que LEBALOUCHISTANESTUNERÉGIONDANGEREUSE, même en s’efforçant de ne pas trop écouter, tu finis par le croire un peu…
(Et puis c’est un fait. Cette région est dangereuse, au mieux, inhospitalière.
…
Quelques kilomètres encore sur la route 84. Déserte. Quelques camions. Du soleil et du sable. Et puis la frontière.
Côté iranien, rien de spécial. Il n’y a pas de touristes. Que des camions. Les formalités habituelles.
Présentation du passeport, visa, CPD. Tampon, signature, questions sur le contenu de mes valises et puis, goodbye Iran…
No man’s land et Pakistan Gate…
A peine traversée la « porte du Pakistan », un officier se présente à moi et m’emmène dans le bureau pour faire viser mon passeport.
A la sortie de ce bureau, les sempiternels vendeurs d’eau fraîche et de billets de banque…
ça tombe bien, je crève de chaud et l’eau de mon Camelbak doit être à 35°!… J’achèterai donc des roupies pakistanaises et des bouteilles d’eau fraîche!
Tout se fait dans la bonne humeur! Ils sont quand même tous assez curieux de me voir ici!
Je suis contente d’être passée, et j’ai hâte de découvrir ce que me réserve ce pays!
Bon, ben pour le moment, tu vas découvrir le bunker des Levies! Les Levies: force paramilitaire du Pakistan. Et tout au long de ma lonnnnngue route au Pakistan, ils m’escorteront...
Le bunker:
Après cet échange de billets, dollars contre roupies, démarrer la moto et suivre la voiture des militaires sur une piste de sable et de cailloux.
Le 4×4 soulève un nuage de sable et je ne vois plus rien! Bon, de toute façon, il n’y a rien à voir!
Le désert à perte de vue, ponctué de petits baraquements et de quelques bâtiments administratifs. La température est proche de 50°! Alors la chaleur + la poussière de sable, c’est grand confort!! :)
On arrive devant un grand portail un peu déglingué. Un policier nous ouvre.
J’entre dans l’enceinte, je mets la moto à l’ombre, le portail lourd et rouillé se referme… et je découvre l’endroit…
Une cour, de la terre asséchée par le soleil brûlant de ce désert, des armes, des voitures vraiment déglinguées, des vieux bidons, des vieilles bécanes, des barbelés autour des murs de l’enceinte (je crois que c’est pour que les policiers qui bossent ici ne se sauvent pas… :)
Des pièces toutes plus dégueulasses les unes que les autres, une chaleur moite qui dégouline des murs… Le paradis!
Dans la cour, je remarque un petit espace entouré de plante… je verrai plus tard que c’est leur lieu de prière.
Un officier, Bachir, m’accompagne dans le bureau qui me servira de « chambre » jusqu’au lendemain! Le bureau du CPD est fermé, je vais donc devoir passer l’après midi la soirée et la nuit ici! Cool!! C’est tellement sympa comme endroit!
Il fait une chaleur étouffante, il n’y a pas d’air, on est dans le désert, et le vieux ventilateur ne sert à rien!
ça va être une longue fin de journée… « Heureusement« , un défilé d’officiers passent me voir! Vérification du passeport, photo du passeport, du visa, photo de ma tête, quelques blabla de curiosité et puis c’est tout!… Un des officiers me prête son hotspot wifi! Super sympa!
….
Bachir m’apporte à manger! J’avoue que je n’ai rien mangé depuis le départ ce matin, il est peut être 15:00 et j’ai un peu faim…
Une soupe de lentilles … au piments !!!
Le pain était excellent! Du coup, j’ai laissé de coté le piment! Je me suis dit que tomber malade quand tu as le Balouchistan à traverser en moto, c’était pas une super idée!
La nuit a été infernale. La chaleur est épouvantable. Il n’y a pas un souffle d’air.
Vers 2h du mat, je sors de mon four pour aller voir la GS, je m’ennuyais et ne trouvais pas le sommeil.
Un des officiers qui veillait me dit d’aller dormir dans un autre bureau. Il y a une « sorte » de clim!
Bon… il y a aussi des officiers qui y dorment, 2 ou 3, mais je m’en fous!! J’ai besoin de dormir au frais!….
Je m’installe donc par terre, dans un petit coin, sans faire de bruit et je m’endors enfin!
Oui, ici, que tu sois officier ou voyageur, tu dors par terre! T’es pas à l’hôtel!
6h du mat’! "Allez hop, tu as 10 minutes pour te préparer, le 4×4 t’attend. La route est longue, il faut partir!"
Brossage de dents, bottes casque et on trace.
Je savais qu’il y aurait des checkpoints sur la route, mais autant!!?!!?….. Et à chaque nouveau district, nouvelle escorte!
En fait, voilà comment fonctionnent les escortes. Attention, ce n’est pas une critique acide! Je suis tout à fait consciente qu’ils sont là pour notre protection, et j’ai beaucoup de respect pour eux; certains ont été super prévenant envers moi! L’état ne leur donne que très peu de moyens et des minis salaires. Leur mission est de protéger et ils font de leur mieux…
Mais alors vraiment!!!! A vivre, c’est tellement chiant!!!! …
Les 4×4 roulent à 60 km/h, au mieux 80, ils te demandent de rester proche de leur véhicule! Juste derrière! Euhh…Oui mais non! C’est à dire que respirer le nuage noir qui sort de ton pot d’échappement, j’en peux plus moi!!…
Bon, il y a donc ces vieux 4×4 Toyota qui roulent doucement, et puis il y a les p’tites Suzuki qui tombent en panne en plein désert!!!… Les trafiquants n’ont qu’à bien se tenir!!!
Sinon, il y a aussi les mob! Oui! les mobylettes, qui roulent à 30 km/h…. C’est super pour admirer le paysage! Mais je boue sous mon casque!… Le moteur de la GS chauffe, il fait entre 40 et 50° dans la journée, et à cette vitesse, tu deviens dingue!
Donc, changement de district, check-point, changement d’escorte.
Ils « t’invitent » à venir dans leur petit gourbi pour leur donner quelques informations que tu écris dans leurs cahiers!! N° du passeport N° du visa Nom prénom d’où tu viens où tu vas le N° d’immat’ de ta moto et le nom de ton père!?
Ils passent leurs journées et leurs nuits dans ces minuscules baraquements. Un banc, un lit, quelques chaises parfois, une petite table… 1 ou 2 meurtrières pour scruter l’horizon… et bien-sûr, leurs fidèles Kalachnikov.
Bref, avec toutes ces attentes, tous ces changements d’escortes, ces pannes et autres petites joies de la route au Baloutchistan, on arrive enfin à Dalbandin!
On est en fin d’après midi, je suis exténuée par cette mauvaise route et cette chaleur implacable… A peine 300 km parcourus pour plus de 10h de route! WhaoO! On n’est pas arrivés!
Je fais signe à l’escorte que je dois faire le plein!… Les pompes à essence servent de signalisation mais sont vides! Elles permettent d’indiquer qu’à cet endroit, on vend de l’essence… en bidon! :)
Tu achètes ton bidon de 20 litres pour tel prix! L’essence est rose et limpide, mais plutôt que de la filtrer avec leur vieux T-shirt, je prendrai mon filtre à essence!
Pour cette première journée au Pakistan, rien ne me sera épargné!… La chaleur brûlante du désert, une route en mauvais état, des dunes de sables qui débordent sur la route, des rafales de vent brûlant, une chute (je déteste rouler dans le sable, à chaque fois j’me croute!…) l’escorte qui tombe en panne en plein milieu du désert, rien à manger de la journée, essence en bidon… et une fois à l’hôtel, pas d’électricité à Dalbandin! Ce n’est pas si grave, à part le fait que les ventilateurs ne tournent plus.
Le jeune qui tient l’hôtel est marrant, et le Levie qui assurera ma sécurité ici est sympa aussi; le cuisinier, lui, est un escroc!
Je n’ai évidement pas le droit de sortir de l’hôtel, et pour aller à l’épicerie juste à 1 mètre, je suis escortée… Je vais acheter des gâteaux! Où est le danger???…
C’est leur devoir. Ils le prennent vraiment au sérieux!
Dans la soirée, j’essayais de me reposer un peu dans ma chambre quand on tape à ma porte. Il faisait déjà nuit, toujours pas d’électricité, c’est donc à la lampe de poche que tout s’éclairait!
J’ouvre et je tombe nez à nez avec « mon Levie » et 2 militaires baraqués et armés jusqu’aux dents!!!
Ils me demandent si tout va bien, me demandent de fermer toutes les fenêtres, de ne pas sortir sur le balcon, de ne pas me montrer…
Ok!… Que dire d’autre?
Alors par contre, fenêtres fermées, c’est impossible de survivre!
J’irai donc m’installer sur le toit terrasse pour y dormir. Le jeune qui tient l’hôtel et mon Levie viendront dormir là haut aussi, sous le magnifique ciel étoilé du Balouchistan pakistanais…
Le plus beau ciel que je n’ai jamais vu. Le plus beau moment de ma journée…
J 17: Dalbandin / Quetta
Tôt le matin, le soleil se lève sur le désert. La lumière me réveille et j’apprécie vraiment ce moment. La douceur de l’air, les couleurs pastelles qui chassent le bleu sombre de la nuit. Le paysage encore calme… pas de bruit, pas de voiture, les rues sont désertes… Je profite de ce petit moment de sérénité avant d’affronter ma nouvelle journée!
Allez! Aujourd’hui, direction Quetta! …
La route, semblable à la veille, sera fatigante, interminable, mais plus organisée puisque les escortes s’enchaînent rapidement à chaque checkpoint.
Jamais ou très peu d’attente. Ils ont des photocopies de mes papiers et questionnaires déjà remplis, ce qui m’évite de descendre de la moto pour remplir leurs cahiers!
L’anecdote rigolote du jour, on s’arrête dans un mini village sur la route. Je vois 2 des policiers qui entrent dans une pièce fermée du bâtiment, et je dis à celui qui était avec moi que je vais à l’épicerie en face chercher à boire. Il me suit évidemment…
J’achète des limonades et 2 ou 3 gâteaux histoire de partager ça avec eux! Après tout, ils doivent avoir au moins aussi chaud et soif que moi! Et en revenant de l’échoppe, on entre à nouveau dans le petit bâtiment, je m’assoie sur le « canapé », je pose les canettes sur la table et là, le policier met sa Kalashnikov à côté de moi!…?!
Il me la confie… Il va prier!… :)
Incroyable!!
…
Les voitures sont toujours aussi déglinguées, les villages qu’on traversent et où l’on ne s’arrêtent jamais semblent d’une autre époque et je ne vois jamais aucune femme! Tous les hommes sont habillés pareil! Ils portent le Qamis pakistanais. Chemise longue et pantalon très large. Marron, blanc, noir, bleu.
….
La « Quetta Taftan Highway« traverse quelques petits villages. Les escortes klaxonnent ou mettent leur gyrophare pour traverser au plus vite… Mais l’état de la route dans les villages est souvent médiocre. Ornières remplies de gadoue, des cailloux, des déchets… Des vélos, des ânes et des gens qui fourmillent…
Les villageois semblent habitués à voir ces « Levies » forcer le passage. Rien ne semblent les perturber.
Une petite virée en montagne après Nushki! Un peu de relief après tous ces kilomètres à travers le désert! Mais après quelques virages, un camion (vous savez, les beaux camions pakistanais au décor si coloré) s’est renversé à la sortie d’un virage!
Des bidons partout sur la route, et un liquide visqueux qui se déverse à certains endroits! Les gens qui aident un peu, un vrai bazar! Je mets toute mon énergie à éviter de rouler dans ces flaques, éviter les débris, prendre les virages en épingle, doubler une voiture qui a du mal à grimper… le tout sous une bonne chaleur… Fa-ti-gant…
Ce que je ressens depuis le départ de Taftan est un peu étrange.
Déjà, être obligée de suivre une voiture militaire est vraiment spécial pour moi, pas tout à fait l’esprit de mes voyages… ne rien pouvoir décider, ni où ni quand m’arrêter, juste suivre… Pas de photos. Pas de rencontres.
Je me demande comment j’aurai ressenti les choses sans escortes… Pour le moment, je ne suis ni vraiment inquiète, ni vraiment rassurée…
Arrivée au dernier checkpoint avant Quetta, j’attend un moment la nouvelle » escadrille militaire » qui prendra le relais.
POLICE.
Un blindé arrive. Ils sont 4 ou 5 policiers armés et protégés de gilets pare-balle, casques et tout l’équipement qui te laissent comprendre qu’ici, un peu plus qu’ailleurs, ils risquent leur vie…
Quetta est tristement connu pour ses attentats contre les forces de l’ordre notamment, et les enlèvements d’étrangers.
Je suis obligée de constater que le Pakistan n’est pas un pays simple. Ni à comprendre, ni à décrire.
Je pourrai dire que sur les trottoirs dégueulasses se croisent des hommes, tous en uniformes, tous barbus et que sur ces mêmes trottoirs, des vendeurs sont installés avec leurs charrettes de fruits ou d’oignons, un peu plus en recul, des échoppes exposent leurs carcasses de mouton ou leurs pneus d’occasion…
Je peux dire aussi que jusque là, je croise souvent des regards dans lesquels il est impossible d’y lire quelques chose… Curiosité? Incompréhension? Mépris? …
Les femmes, toujours absentes, les sourires, comme disparus…
…
Quetta. Bloomstar Hotel.
Un hôtel en centre ville. Un hôtel avec un lourd portail fermé et gardé par la Police.
Une grande cour, un jardin intérieur et autour, les chambres desservies par de larges couloir ouverts. Il y a un restaurant mais il est fermé.
Je peux demander un repas, qu’on m’apportera dans ma chambre!… Par exemple du poulet au piment et du riz!! :) J’ai envie de manger des fruits! Le chicken rice façon biryani au piment, j »en peux plus!!!… Mais je n’ai pas le droit de sortir! Interdit, même accompagnée d’un policier…
Du coup, le gars de l’hôtel envoie quelqu’un m’acheter des bananes et des pêches!…
La mauvaise nouvelle, quand j’arrive, c’est que je vais devoir rester là le lendemain aussi, parcequ’il me faut le NOC (Non Objectiv Certificate). Un « droit de passage » dans l’un des district que je vais traverser pour quitter le Baluchistan…
Bref demain, une escorte viendra me chercher et m’emmènera dans les bureaux de l’administration. Là encore, pffffff…. totalement insupportable!!!
Attendre dans un bureau, suivre un officier, attendre à nouveau, dans un autre bureau. Suivre un autre gars, aller de bureau en bureau. Retourner dans le bureau 1. Parler un peu avec les gens qui sont là et attendre… attendre et demander combien de temps je vais devoir attendre!…
Une délégation gouvernementale défile en ce moment même sur les boulevards de Quetta! La Police est totalement sous pression et débordée pour le moment… Il faut que j’attende qu’un blindé se libère …
5h… J’ai attendu 5heures!!!…
Nouvelle escorte, moto et blindé. De nouveau enfermée dans l’hôtel, je prépare mes affaires pour partir demain matin.
L’escorte est prévue pour 8:00
8:00! L’escorte est là.
Les paysages de la région en dehors de la ville sont vraiment superbes. Après avoir quitté Quetta, nous roulons, avec mon escorte en mobylette, à travers la montagne et la route suit une large rivière, asséchée par des températures infernales. J’adore ces paysages!
Le vert vif des arbustes bordant le lit de le rivière contraste avec les roches ocres et brutes de la montagne. C’est magnifique
Un pont, un checkpoint, un marchand de glace (ouaiiiis!!! Un truc froid qui se mange sans piment!!) et plus bas dans la rivière, un filet d’eau douce qui gagne sur le soleil, et qui rempli un bassin où des enfants s’amusent et se rafraîchissent…
Après cette petite pause, nous repartons en direction de Sukkur……………………………………………………. à 30 km/h!…
Tant que la route et les paysages étaient chouettes, la lenteur était « supportable ». Mais alors une fois passées les montagnes, c’est tout droit jusqu’à Sukkur… 250 kms à parcourir à 30 km/h, c’est de la torture!… Surtout qu’en nous rapprochant du Sind, la température était toujours aussi étouffante, mais en plus, l’humidité commençait à se ressentir…
A chaque changement d’escorte, je redoutais une prochaine escorte en mobylette… Je pensais pouvoir rouler seule une fois sortie du Balouchistan, mais apparemment, les ordres étaient de m’escorter jusqu’à Lahore!…
J’ai bien essayé une fois ou 2 de les « semer« ! Euhhh, trop facile! Un coup de gaz et ils disparaissaient dans mon rétro en moins de 5 secondes!! :)… Mais bon, au checkpoint suivant, j’ai bien vu qu’ils n’avaient pas trouvé ça super drôle!
Depuis l’hôtel de Sukkur, j’ai tenté aussi de partir super tôt histoire d’esquiver les escortes, mais à peine descendue, le temps de charger la moto, une Toyota est arrivée… Ok…
En direction de Multan
Route toujours pénible, escortes plus ou moins lentes, paysages plats et semi désertiques… Humidité et chaleur au max, je dégouline…
La route est bordée de petits villages miséreux, les trottoirs sont de sable et de poussière et les échoppes, aux couleurs de Pepsi ou de Coca vendent des chambre à air ou des biscuits.
Des chaises, 1 arbre, des hommes assis à boire le thé… Et sur la route, encore des hommes et des garçons en Quamis, sur leur mob ou à pied, veillant sur leurs chèvres ou leurs buffles noirs…
Toujours pas de femmes ni de fillettes, toujours pas de sourire…
J’aimerai m’arrêter, discuter avec les gens, partager un petit moment, j’ai tellement de questions!… Mais les escortes ne laissent pas les gens s’approcher de moi! C’est incroyable!! Tout va bien! On se calme! On peut juste parler 3 minutes!!…
Tout ça commence à me fatiguer…
Mes kilomètres ne sont qu’une suite d’images et de scènes qui défilent devant mes yeux. Je me pose tellement de questions qui resteront sans réponses…
En me rapprochant de Lahore, je me rapproche aussi de la mousson et les pluies sont intenses, rafraîchissantes, mais elles rendent la route glissante de boue.
A Lahore, j’ai un contact.
Salman, qui est le « président » d’un Club motards! Lui et Shanta, sa femme, m’attendent chez eux! Un peu de repos, un repas, un thé, un accueil très sympathique! Et enfin, je n’aurai plus d’escorte!!!!
Je me dis qu’un hôtel en centre ville serait l’occasion de pouvoir ENFIN rencontrer et discuter avec les gens?
Mais ici, tout est différent. On est dans une grande ville, bondée, et les gens ne sont « pas les mêmes » qu’au Balouchistan, ils ne vivent pas comme ces gens des villages si pauvres que j’ai traversé…
On m’amène au BackPacker Hotel!… Bon, il ne faut pas se formaliser hein! Puisqu’on te dit que c’est un hôtel!…
L’entrée se fait au fond d’une petite impasse… Une porte ouverte, des escaliers, et 4 étages plus haut, quelques pièces sur la toiture terrasse de l’immeuble de bureau.
Au moins on domine l’avenue… et son brouhaha perpétuel et infernal!…
Il y a 2 ou 3 chambres, 2 douches et des toilettes. Sur la terrasse, une table, quelques chaises, un congèl… une vieille machine à laver, de longs câbles pour étendre ton linge… C’est crasseux (ah si, vraiment, c’est crasseux!), poussiéreux, pollué…
Demain, je vais visiter le fort de Lahore et la Mosquée Badshahi avec Shanta et Veer Shuaib, un de leurs amis. Cette chaleur humide est épuisante.
Le Fort de Lahore, place forte de la ville, est un ensemble de palais, jardins et salles dont l’architecture et la finesse des détails nous plongent dans l’empire moghol de Shah Jahan. Ce lieu manque indéniablement d’entretien, mais j’ai l’impression que c’est le cas de tout le pays en fait… quelques bâtiments semblent en restauration…
J’ai rencontré beaucoup de familles pendant cette journée. Des touristes pakistanais, de Karashi, d’Islamabad ou d’ailleurs.
Les jeunes filles venaient me parler, me serrer la main et prenaient des selfies. Elles étaient gaies et portaient déjà de longs voiles …
Les familles me saluaient avec gentillesse et respect; dans un « café » où je prenais une glace avec Shanta et Veer, une femme en niqab accompagnée de son mari, envoie ses 2 petites filles de 4 ou 5 ans me saluer et me serrer la main!… Je devinais le sourire de cette mère, caché sous le voile noir qui ne laissaient apparaître que ses yeux…
Si le port du foulard n’est pas obligatoire au Pakistan, la plupart des femmes étaient voilées quand elles ne portaient pas le niqab.
Famille in Lahore – Pakistan
Lors de la préparation de mon voyage j’avais prévu de passer quelques jours à Lahore. Pour faire l’entretien de la moto, pour me reposer, pour visiter la ville.
Mais rien de reposant ici, et j’avoue qu’après ces quelques jours de route au Pakistan, éprouvants, et la tension que l’on ressent en permanence en voyant les militaires ou les blindés de la Police, j’avais envie de quitter le pays.
Ici, les rues grouillent de motos et de voitures, de rickshaws, de klaxons et de policiers sous pression. A tout cela s’ajoute un air suffocant d’humidité et de pollution.
Allez, demain matin, j’irai chez un mécano faire une vidange parce que Casper a souffert de la chaleur et des kilomètres interminables à de si basses vitesse. L’huile qui s’écoule est épaisse et noire.
Je me dirige vers la frontière indienne et je commence à me sentir plus légère. Je traverse encore quelques petits villages dans lesquels flottent d’immenses drapeaux Pakistanais, comme pour affirmer qu’ici, à quelques kms de la frontière, on est au Pakistan!
Les villages sont semblables aux autres… Grouillants d’hommes et de charrettes, de mobylettes et de vélos, de poussière et d’enfants… et de femmes aussi!
Oui, plus que n’importe où ailleurs sur ma route au Pakistan, j’ai vu des femmes dans ces villages frontaliers de l’Inde…
Malgré tout, je suis contente d’avoir traversé ces régions du Pakistan. Un trop bref aperçu de ce pays.
C’était une traversée bien différente de toutes les autres. Ce n’était pas toujours un plaisir, c’était souvent éprouvant, épuisant.
Ce pays et ses gens m’ont laissés un sentiment étrange d’incompréhension. Aujourd’hui encore, mes mots sur le Pakistan ne sont pas sûrs…
Un pays dans lequel j’ai voyagé sans aucun (vrai) problème finalement, où les gens rencontrés ont été accueillants, prévenants, (enfin sauf le type qui a refusé que j’entre manger dans sa salle de resto pourri parceque j’étais une femme non accompagnée!!!… Bouuu! Quelle horreur!!).
Ceux que j’ai pu rencontrer étaient curieux et sincèrement enthousiastes et amicaux.
Et puis, le Pakistan est aussi un pays inhospitalier et rude, où la violence est multiple et implacable.
Violence entre communautés, violence envers les femmes, terrorisme… Quand un pays met en place un système d’escorte pour les étrangers, cela indique quand même le degré de menace qui peut exister. Non?
J’y ai rencontré des hommes endurcis et sans espoir, mais courageux… Des hommes qui supportent bravement leurs conditions de vie déplorables parce qu’ils n’ont pas d’autres choix… Un certain désenchantement dans leur vision de l’avenir…
….
Quitter le Pakistan et entrer en Inde avant l’heure de la cérémonie.
La route et les paysages sont semblables à ceux que je viens de laisser au Pakistan.
Mais ce qui change absolument tout, c’est l’absence de menace.
1er aout: Welcome to India!!!
Je trace vers Amritsar. Ici, je me reposerai un peu de toute cette tension.
Je devrais aussi changer les pneus! Je les traine depuis le début du voyage, ça va m’alléger un peu, et puis pour les pistes du Nord de l’Inde, mes Anakee Wild seront parfaits!
La chaleur humide de la mousson est assez pénible et fatigante, mais je découvre doucement ce nouveau pays! Et je découvre surtout la circulation et la conduite totalement dingue!!! Ici, c’est la loi du plus gros! Et même si la GS est une grosse moto, je ne fais vraiment pas le poids contre les bus, les camions ou les cars à la conduite totalement débile! La règle ici?: « pas de règle »…
Dans la soirée, j’irai visiter le Golden Temple, temple sacré des Sicks. C’est un endroit vraiment merveilleux, et marcher pieds nus au son lancinant de la prière est une expérience exceptionnelle.
Je découvre aussi les longs trottoirs sur lesquels vivent ces « intouchables »… Des détritus, des monticules de tissus, des enchaînements d’abris de fortune, des bâches et de vieux tapis sur lesquels dorment ces miséreux… et la pluie qui rend le tout plus difficile et sale encore…
Quelques histoires, quelques rencontres drôles et sympathiques, la visite de temples totalement fantasques, avec des représentations de déesse totalement kitch!
Les contrastes de l’Inde!
Dans les villes, l’architecture coloniale se fissure, les câbles électriques s’entremêlent, les mobylettes encombrent les ruelles.
Les taxis, les chiens errants, les embouteillages et les klaxons, les rickshaws et les vaches, les foules denses et bruyantes.
Et aussi, des femmes, des couleurs et des sourires.
Mais ce que je rêve de découvrir depuis tant d’année, c’est le Ladakh! Un des plus beaux endroit du monde, tout à fait au Nord de l’Inde.
C’est un des petits détours que j’ai prévu pour mon voyage. Les montagnes de l’Himalaya, les cols, parfois trop hauts mais franchissables en moto, des couleurs incroyables, et puis des monastères boudhistes… les moulins de prières et le vent de l’Himalaya soufflant dans les drapeaux de prières…
J’avais envie de ces espaces depuis si longtemps, et après ces semaines un peu intenses et tendues parfois, j’ai envie de cette sérénité!
J’ai donc pris la route vers Manali, dernière ville avant la montée au Ladakh.
Heureuse. Euphorique!
Ma route est belle.
Sur ma route, face à moi, un éléphant. Moment exceptionnel, magique… Magnifique…
Une route qui grimpe et qui serpente, des montagnes et des forêts sauvages si denses qu’elles semblent ne pas avoir de fin… Ces arbres immenses encombrent l’horizon et finissent par disparaitre dans une brume bleutée…
Dans ces montagnes, des singes sauvages. Partout! Sur la route et dans les arbres, sur les roches et les barrières. Tout m’amuse! Cette journée de route est un vrai bonheur! Je savoure cette liberté folle et enivrante!
Je traverse des petits villages et je croise beaucoup d’écoliers amusés par l’énorme moto! A cause de la mousson, les vacances ici sont en juin. On est maintenant en août et ils ont donc déjà repris les cours.
Parfois au milieu de la route, quelques vaches installées paisiblement à l’ombre des rochers. Il y a aussi régulièrement des éboulements. Les larges et lourds rochers se brisent sur la route qui devient difficilement praticable.
Arrivée à Mandi vers 17:00, il me reste une centaine de kilomètres pour arriver à Manali. Et pensant que la route serait à peu près correcte, comme celle empruntée dans la journée, je fais le plein d’essence, une petite pause, et je repars pour Manali!…
100 km: 4h!!! Epuisant!
J’arrive à Manali, il fait nuit depuis longtemps déjà, il pleut, je suis épuisée.
La route est tellement chaotique pour arriver jusqu’ici! Elle est sinueuse, et ça prend toujours plus de temps, sans compter les travaux qui créent des embouteillages, des parties sans revêtement à cause des glissements de terrain, la gadoue, les ornières, les cailloux, la pluie qui rend ces pistes plus glissantes et pénibles, et ces camions qui ne respectent rien, et surtout pas une moto!! …
A l’entrée de la ville, un Hotel, un grand parking, je m’arrête ici pour la nuit…
Journée de repos et de recherche d’infos avant de monter au Ladakh. Il me faut un permis pour entrer dans un des districts avec la moto, donc je ferai ça tranquillement!
Je me promène dans cette petite ville plutôt paisible, et je découvre le Old Manali, plus authentique… De vieilles fermes à l’architecture bien plus travaillée que les nouveaux bâtiments qui s’empilent aléatoirement dans la ville basse… On est entouré de hautes montagnes, d’arbres gigantesques, les vaches, comme partout en Inde, se promènent sans aucune pression sur les routes. Les pluies de mousson sont importantes, le brouillard épais et il ne fait pas très chaud. On est à 2000m d’altitude environ.
Mes kilomètres brûlants des déserts iraniens et pakistanais me semblent si loin déjà!….
Je suis vraiment heureuse d’entamer une nouvelle partie de mon aventure!
La haute montagne, que je sais fatigante à cause de l’altitude et du manque d’oxygène. Je connais à peu près ce qui m’attend comme pistes avant d’arriver à Leh, la capitale du Ladakh; enfin on a beau regarder les vidéos pour s’informer sur le net, rien n’est plus vrai que la réalité!!
8:00 du matin, je m’équipe, je charge les sacs sur la moto et je me prépare à partir!
Je mets le GPS pour Leh et je file! Je suis la route qu’il m’indique, mais c’est bizarre!… Je vois des groupes de Royal Enfield partir dans la direction opposée… C’est louche non?!
Bon si c’est comme en Iran, il va resté dans le fond de la sacoche!!! Vraiment inutile ce truc!!
Demi tour et je retrouve les motards à la station essence! Ils vont bien à Leh! J’ai bien fait de faire demi tour!…
Je fais le plein (fatal*), *vous saurez pourquoi plus tard et je roule sur la jolie route en direction du Rothang Pass, Premier col à 4000m d’altitude.
Le brouillard est épais, la route est mouillée, les éboulements sont nombreux, une vache écrasée sous un énorme bloc a succombé il y a peu de temps… Les vautours rodent et se chargeront du nettoyage… Des virages en épingle, une forte pente, un camion impossible à doubler…
Je traverse un village, une partie de la route a disparue, laissant place à des ornières, et des coulées de boue collante… Je glisse et je n’ai pas du tout envie envie de prendre un bain de boue maintenant!!! J’essaie de mettre les roues sur les morceaux de bitume que j’aperçois entre 2 ornières (dont je ne vois pas la profondeur…)
J’arrive enfin au bout de mon petit calvaire (50 mètres peut être), quand face à moi, un camion déboule à fond!!… Je me dis qu’il va me laisser mes 35 secondes encore nécessaires pour me sortir de cette mélasse, attitude normale pour une personne normale…
Mais pas du tout!!!!! Non, lui, cet imbécile plante son camion dans la gadoue et stoppe à 30 cm devant la GS!!! Le tout en klaxonnant comme un sourd et en s’agitant derrière son pare-brise pour me dire de reculer!!!!!
Alors je veux bien être gentille et faire des efforts pour comprendre les cons, mais là!!! …
Du coup, son « co-pilote » descend et vient m’aider à reculer la moto puisqu’on ne pouvait passer qu’à 1 véhicule… Il s’est enfoncé dans une ornière jusqu’au genou, et à galéré pour récupérer sa tongue!! :)
J’ai galéré un peu aussi pour repartir, mais les gens en voiture derrière moi m’ont aidé en me poussant pour me sortir de ce pétrin!….
Energie: 85%
Énervement: 150%!! (non mais vraiment, à force de risquer sa vie à chaque fois qu’on croise un camion ici, ça énerve un peu, je vous jure!!!)
Bref, reprenons le cours de cette superbe route qui me fait grimper sur ces montagnes impressionnantes d’immensité…
Vertigineux…
S’arrêter et laisser mon regard se perdre dans l’immensité de ces paysages… Regarder ma GSA qui m’emmène depuis quelques années maintenant sur des routes magnifiques…. C’est le dernier grand voyage que je partage avec ma moto.
Rire de joie et de plaisir à en avoir envie de pleurer…
Mais il me reste encore quelques kilomètres et quelques cols avant Keylong, à mi chemin de Leh, et je ne tarde pas… Des virages, des lacets, des vautours, la nature splendide, quel bonheur…
Bonheur un peu perturbé par un petit cliquetis de la moto depuis quelques kilomètres. Je n’arrive pas encore vraiment à déterminer d’où vient ce bruit et à quoi il pourrait correspondre… Je tente de rouler en première et j’écoute…puis en seconde, 3ème. Plus c’est impossible, je roule à trop basse vitesse…
Le pont arrière? Non, j’ai vérifié avant de partir, pas de fuite. Le niveau d’huile est ok aussi…
L’altitude?..
Je continue et j’arrive bientôt sur un petit plateau aux innombrables cafés!
Des tables, des chaises, des bonnets en laine, des couleurs et des soupes aux nouilles… Je prendrai un thé, en papotant avec des touristes indiens en balade!
Ils se prennent en photos à côté de Casper! Des scènes habituelles et toujours sympas!
Je fais le tour de la moto pour voir si je ne trouve pas un petit indice pour le cliquetis… Rien. Je repars.
Le revêtement de la route a souffert des hivers rigoureux et du passage des camions, mais la route est plutôt praticable pour le moment.
Je suis proche maintenant du Rothang Pass. Le vent souffle et il fait assez froid. Je suis à 4000m.
Energie: 75%
Joie: 98%
Une petite pause, quelques photos, je suis heureuse!… mais quand même, ce cliquetis qui s’accentue au fil de la montée ne me rassure vraiment pas…
Sur le plateau du Pamir, on était aussi en haute altitude et je n’avais pas eu ce bruit…
Une fois le col passé, quelques bouts de route un peu défoncés, des éboulements de rochers qui ne facilite pas la tâche, bref, il faut tenir les 300 kg de Casper!
Après le Rothang, le paysage change et le ciel aussi! Le brouillard reste accroché de l’autre côté du Col et ici dominent le ciel bleu, le soleil et des espaces grandioses!! Plus d’arbres immenses poussant vers les cieux. Juste des montagnes, ocres et vertes et les neiges, éternelles sans doute.
Le revêtement de la route est tout neuf! Un vrai bonheur!
Mais je pense qu’il n’y a pas de garage avant Leh: 420 km… Le cliquetis tape de plus en plus fort, comme pour être sûr de se faire entendre…
WhaoO!… Le bitume parfait et tellement facile se transforme sans avertissement en piste… pour Yaks!!…
J’essaie de suivre cette piste des yeux pour voir sur combien de kilomètres elle va m’épuiser… Je n’en vois pas la fin …
Allez. J’y vais!
Courage: 85%
Energie: 60%
Cailloux, rochers, eau, épingles serrées, sable mouillé, caillasse… j’avance. Doucement…
Je tourne et je m’arrête parfois en bord de ravin pour laisser passer une voiture ou un camion… Pourvu qu’une rafale de vent ne souffle pas du mauvais côté! Pas intérêt à laisser pencher la moto du mauvais côté!!
Du coup, j’en profite pour respirer, parce que je retiens souvent mon souffle (qui est court à cause de l’altitude), comme si ça m’aidait à franchir les mauvais passages!!! …
Au bout de quelques kilomètres de cette piste interminable, et à force d’entendre ce bruit dans le moteur qui ne cesse de s’intensifier, je décide de m’arrêter un peu, pour réfléchir et aussi, pour demander aux gens qui passeront, combien de kilomètres de cette piste épuisante il me reste à parcourir.
Energie: 40%
Un gars en Royal, qui vient de Leh, s’arrête à côté de moi, histoire de papoter un peu! Super!
Combien de kms pourris encore??
15/20km je pense…!?!?!?
Courage: 15%
Energie: 35%
Je lui demande s’il y a un point « garage » a Keylong mais non, rien avant Leh…
Réflexion: 5 minutes
Je décide de faire demi-tour.
Inutile de risquer une panne dans les montagnes. Je redescends sur Manali, je fais vérifier la GS dans un garage moto, et je déciderai en fonction de ce qu’on trouve.
Louer une Royal Enfield pour aller au Ladah, y aller en bus et louer une RE là haut… Bref, plusieurs solutions, donc c’est décidé, je rentre à Manali.
Du coup, je fais un bout de route avec le motard, à 2 parfois, les choses sont moins tendues.
Reprendre cette piste si cassante dans l’autre sens, éviter les ravins et les pierres coupantes, repasser les mauvais passages, repasser le Rothang à 4000m, et s’arrêter à nouveau dans un des cafés! Une soupe aux nouilles cette fois!
Il est 14:00 je suis partie de Manali depuis 9:00 ce matin et j’ai roulé… à peine 80kms!… Si! je vous assure!!
Energie: 30%
Inquiétude pour le bruit moteur: 90%
Allez… redescendre de la montagne, reprendre les lacets, éviter les camions traverser le petit pont et …
Casse moteur: 100%
Fin de l’aventure
Courage: 5%
Energie: 10%… Juste assez pour trouver une solution pour tenter de ramener la GSA de 300kg, qui ne roule plus, jusqu’à Manali, à plus de 2h de route d’ici…
Je suis à 3000m et il y a encore plusieurs petits cols à monter et descendre et c’est évidement impossible sans moteur…
Quelques galères plus tard, laisser la moto dans un petit renfoncement de la route, noter le point GPS, enlever tout ce qui peut être « volé », descendre en voiture avec un jeune couple en weekend.
Ils me trouveront un garage moto avec un pick-up qui ira chercher la GS et me la ramèneront à l’hôtel… Ils négocient tout ça pour moi, super sympa!
J’ai donc repris une chambre dans l’hotel où j’étais descendue, le grand parking me semblait pratique pour décharger la moto…
Arrivée à l’hôtel vers 17:30.
Exténuée.
Malheureuse.
Ecoeurée.
Sonnée.
Energie: 5%
Désespérée: 95%
…
Ils me ramèneront la GS vers 21:30… 22:00 peut être…
Pleurer. De fatigue et de tristesse.
Réagir et s’organiser.
Demain, je vais devoir trouver un pick-up qui voudra bien nous emmener la GSa et moi, à New Delhi, directement sur le quai d’une agence de fret.
Chercher une agence de fret. La trouver. Les contacter pour le prix. Obtenir une réponse vague…
Chercher un pick-up. Le trouver au bout d’une interminable liste d’agence de transport.
C’est finalement un loueur de moto qui contactera un de ses amis transporteur.
Côut du transport: 350 €
Temps de transport: minimum 15h… 15h de route infernale pour 550 kms jusqu’aux portes de New Delhi…
Affaire conclue.
Comprendre et assimiler que mon aventure moto est bel et bien terminée. Que je ne verrai pas le Ladakh, ni ses monastères ni même voler les drapeaux de prières…
Ne pas savoir ce que seront mes prochains jours.
Faire le tri dans les affaires qui partiront en avion avec la moto. Garder l’essentiel…
…